Sous un vent frisquet, un arbre de la laïcité a été planté mardi 9 décembre 2025 au jardin des plantes de Saint-Nazaire à l’occasion des 120 ans de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat.
Une cinquantaine de personnes ont assisté à cette plantation à l’initiative d’un collectif de 10 associations nazairiennes «Laïcité Ensemble» représenté par Patrice Bulting, président de l’association Aristide Briand.
C’est dans le cadre d’une semaine intitulée «fêtons ensemble la laïcité» que cet arbre, un Firmiana simplex, arbre à croissance rapide pouvant dépasser les 10 mètres, a été planté.
«Le 9 décembre est la date anniversaire de promulgation de la loi de 1905 pour la séparation des Eglises et de l’Etat» indique Patrice Bulting.
«Cette loi est considérée comme le principal texte fondateur de la laïcité en France, et nous nous retrouvons ici aujourd’hui autour du buste du rapporteur de la loi, Aristide Briand.»
La loi, alliant justice et liberté, sera adoptée après 2 ans de travaux et 48 séances dans l’hémicycle. Dès juin 1903, une majorité de députés constituent une commission sur la séparation, dont Aristide Briand est élu rapporteur.
Celui-ci préconise le 4 mars 1905, la séparation loyale et complète des Eglises et de l’Etat en réponse aux difficultés politiques qui divisent alors la France.
La loi sera votée le 3 juillet 1905 par 341 voix contre 233 et le 6 décembre de la même année par 181 sénateurs contre 102. Sa promulgation le 9 décembre 1905 permettra une entrée en vigueur le 1er janvier suivant.
L’article premier de la loi précise que «la République assure la liberté de conscience et garantit le libre exercice des cultes». La loi de 1905 a été consolidée par celle du 19 mai 2011.
«La laïcité, au delà des intérêts particuliers, fonde l’intérêt général et le vivre ensemble» souligne l’ancien directeur du festival «les escales». «Elle permet le lien au delà des différences, des singularités et des appartenances.»
Le maire David Samzun en a profité pour remercier Etienne, Mathilde et Malo, trois élèves du lycée Aristide Briand qui ont lu le texte qu’Aristide Briand avait prononcé à l’Assemblée nationale.
«La ville de Saint-Nazaire s’est toujours évertuée à défendre les valeurs de la République» indique le maire.
«Inscrit dans l’article 1er de notre constitution, il préserve à chacun le droit de croire ou de ne pas croire. Fédératrice, notre laïcité à la française permet la reconnaissance du pluralisme religieux et de la neutralité de l’Etat vis à vis des cultes.»
«En ces temps troublés où la laïcité est régulièrement remise en cause, pour des raisons électoralistes, par tel ou tel responsable politique, par des fondamentalistes religieux de toutes sortes, la ville de Saint-Nazaire se devait de réaffirmer son attachement profond à ce principe fondamental de notre république.»
Les trois lycéens, de seconde et de terminale, ont été motivés par cette action par la demande de leur professeur d’histoire, Malo ayant déjà participé à une lecture lors de la journée de la déportation.
«Le fait que la ville renforce son lien avec la laïcité et réaffirme son attachement à cette valeur, je trouve ça beau et assez touchant» nous confie-t-il.
Pour Mathilde, la laïcité est quelque chose qui lui tient à cœur, «il faut vraiment la préserver, surtout dans des temps qui peuvent être troublés, rappeler à certaines personnes un principe important».
Malo est honoré de pouvoir rendre hommage à celui qui porte le même nom que son lycée «je trouve que c’est un personnage historique de la ville que j’admire, j’aime beaucoup les valeurs qu’il défendait, ça me parle».
Etienne a quant à lui été félicité par David Samzun pour ses talents d’orateur lors de la lecture du texte en début de cérémonie.
Aristide Briand, né à Nantes le 28 mars 1862, arrive à Saint-Nazaire à ses deux ans avec sa famille. Ses parents tiennent notamment «le grand café» situé place de Nantes.
Collégien à Saint-Nazaire avant de partir à Nantes, il reviendra plus tard après des études de droit. Il sera élu député pour la première fois en 1902 et deviendra ministre à de multiples reprises entre 1906 et 1932.
