Jeudi 4 décembre, ils étaient plus d’une centaine, représentants syndicaux notamment de la CGT et de FO, agents et assurés, à manifester leur mécontentement contre le nouveau logiciel informatique mis en place par la CPAM, la caisse primaire d’assurance maladie.

Le système ARPEGE, installé depuis octobre 2024 en Loire-Atlantique et en Vendée avant sa généralisation probable, était censé gérer l’indemnisation des assurés en arrêt maladie.
Mais de bugs en défaillances, il s’avère que l’outil n’est pas opérationnel. Pire, il prive des milliers de personnes de leurs indemnités, parfois depuis de longs mois.
Le personnel est en première ligne face au mécontentement et doit gérer la colère, légitime, des personnes lésées financièrement.
Il doit aussi faire face à la fermeture de 80% des accueils physiques du département en à peine 15 ans.
Après un rassemblement sous la pluie devant les locaux de la CPAM de Saint-Nazaire, avenue Suzanne Lenglen, un cortège s’est rendu jusqu’à la sous-préfecture où une délégation a été reçue.
Depuis 80 ans, notre sécurité sociale inspire de nombreux pays. Cotiser selon ses moyens et bénéficier selon ses besoins en est le principe de base.
«Il a permis en à peine 30 ans de sortir de la misère des millions de travailleurs, permis à nos parents, à nos grands-parents, de se soigner et de vivre une retraite digne» indiquent les syndicats.
«Aucune recherche de profit avec la sécurité sociale, pas d’actionnaires avides de dividendes. Plus de 600 milliards d’euros échappent encore aux appétits féroces des assurances et des banques.»
Liliane David, aujourd’hui retraitée, a assuré l’accueil pendant de longues années. «Avant, chaque agent s’occupait d’un dossier, s’il manquait quelque chose on contactait l’assuré, pour qu’il ne perde rien dans ses indemnités journalière.»
«Avec ARPEGE, comme le système ne fonctionne pas, les assurés ne sont pas payés. Il y a des situations dramatiques. Il y a des acomptes, plus ou moins justes, mais sans décomptes, ce qui les empêche d’avoir le complément des caisses complémentaires. Il n’y a aucun respect des assurés.»
Beaucoup de gens en précarité se présentent à l’accueil, «des gens qui pleurent, qui sont en souffrance et on ne peut pas leur apporter de solutions» indique Virginie, agent d’accueil depuis 24 ans.
«Si l’assuré ne prend pas contact avec nous, il n’est pas payé et quand on le reçoit il y a malgré tout beaucoup de délai d’attente malgré l’urgence.»
Un assuré en arrêt maladie, nous indique avoir eu la chance de rencontrer l’association «Arpège non merci» qui a mis en place un site internet afin d’aider les personnes lésées.
«J’ai saisi toutes les possibilités offertes, que ce soit les recours auprès des avocats, des députés, ou auprès des bénévoles de la sécurité sociale» précise Thierry.
«Même si ça demande beaucoup d’énergie, on n’a plus que ça à faire quand on n’a plus de fric, j’ai réussi à faire débloquer ma situation.»
S’il ne sait pas ce qui a joué en sa faveur, entre la menace de saisir la justice ou l’intervention de la députée Ségolène AMIOT (3ème circonscription de Loire-Atlantique), il a pu obtenir une ordonnance de référé favorable aux victimes, qui condamnait la CPAM.
Thierry a rencontré des conseillers, qui comprennent la situation nous dit-il, demandant à ce qu’ils préviennent leur supérieur hiérarchique qu’en cas d’absence d’acompte sous une semaine, il saisirait la justice sur la base de la jurisprudence qu’il leur a communiqué.
«Pendant 4 mois je n’ai rien touché, il ne me restait plus que 500€, j’étais dans le rouge. Les conseillers sont vraiment très bien au niveau de la sécurité sociale, ils nous encouragent tous à saisir la justice.»
Aujourd’hui, après avoir perçu 2 800€, sa situation semble stabilisée. «Il y a beaucoup de gens dans la difficulté qui n’ont pas les moyens de saisir un avocat, c’est à mon sens la seule solution, radicale, pour espérer débloquer rapidement nos situations.»
Son dernier conseil pour les personnes victimes du logiciel, est de se rendre physiquement et plusieurs fois s’il le faut, à la CPAM, l’efficacité étant meilleure que par téléphone ou par l’envoi de courriers, même en recommandé.