C’est le 18 octobre 1975 que le pont de Saint-Nazaire a été mis en service. Payant à l’origine, il devient gratuit en 1994.

Aucune animation n’est prévue pour cet anniversaire d’un ouvrage qui marque et impose par sa présence dans le paysage de l’estuaire depuis un demi-siècle, restrictions budgétaires obligent.
Seule une expo jusqu’au 28 septembre au fort de Mindin, musée de la Marine, retrace l’histoire de l’ouvrage.
Ce pont exceptionnel par ses caractéristiques techniques et sa forme en «S», attire toujours et impose sa majestueuse silhouette aux touristes de passage.
La première pierre fut posée par Jacques Chaban-Delmas en novembre 1971, pour un coût de 261 millions de francs, et inauguré le 18 octobre 1975, il reste aujourd’hui encore le plus long pont de France métropolitaine.
Sa durée de vie a été estimée à près de 100 ans. « Mais c’est justement parce qu’il est entretenu régulièrement, que nous investissons environ 2,3 millions par an dans l’entretien et la réhabilitation, qu’il tiendra beaucoup plus qu’un siècle » estime Michel Ménard, président du département.
Plus de 40 millions à trouver pour les travaux à l’horizon 2027-2032
On parle d’un budget de plus de 40 millions d’€ pour réhabiliter les 35 piles maritimes (côté St-Brévin) exposées en permanence à l’eau. Important au regard des 60 millions investis depuis que le Département a pris en charge le pont en 1995.
Ces grands travaux, sur un ouvrage qui a vu tripler sa fréquentation avec 33 000 véhicules aujourd’hui chaque jour (dont 1 400 poids lourds), consistent à purger les bétons pollués, éclatés, à remplacer les aciers corrodés et à reconstituer et protéger de l’eau les bétons purgés.
Mais Freddy Hervochon, vice-président aux mobilités du département, précise sans détour : « Aujourd’hui nous ne sommes pas en capacité d’assumer les 40 millions d’euros ».
Le pont est un enjeu touristique et économique important au-delà du secteur. « C’est pour cela que nous avons appelé l’État pour nous aider. Nous souhaitons que ce programme soit porté de manière équilibrée entre l’État, la Région et le Département . »
Un entretien au quotidien
Sur le terrain, les 25 agents du centre technique routier de Trignac assurent l’exploitation au quotidien de l’ouvrage et de la « route bleue » entre Guérande et Pornic.
Ils sont 5 en astreinte 24h/24 prêts à intervenir à tout moment.
Huit opérateurs chargés de la gestion des flux routiers et quatre autres pour la surveillance et l’entretien complètent ces équipes.
« Le pont fait deux fois celui de Cheviré, et celui d’Ancenis tiendrait tout entier entre les 2 pylônes » indique Pierre Quentin, responsable du suivi au quotidien. « Tout est démultiplié, il faut des cordistes, des nacelles, on a même investi dans une passerelle fixée sous le pont. »
Depuis les années 90, les automobilistes se posent souvent la question de savoir ce qu’il se trame sur (et sous) le pont quand ils voient des travaux.
Le programme d’entretien répond à une suite logique d’interventions nécessaires sur tout ouvrage de cette importance.
Exposé aux embruns, à la corrosion saline et aux marées, le pont est surveillé au quotidien par des patrouilles qui assurent un contrôle visuel et des interventions rapides si nécessaire. Une visite technique annuelle de tout l’ouvrage est effectuée et des contrôles approfondis ont lieu tous les 3 à 6 ans sur les haubans, les piles, les joints, le tablier…
L’année dernière, un grand contrôle technique complet a eu lieu avec vérification des piles et des culées, de la peinture, de l’oxydation, de la corrosion, avec l’appui de spécialistes extérieurs.
Les haubans ont par exemple été revus entre 1998 et 2005, les enrochements des piles centrales entre 1998 et 2011, les piles Nord réparées entre 2009 et 2016 tout comme le viaduc Nord au début des années 2010 puis entre 2018 et 2021.
La structure du viaduc Sud a été renforcée entre 2010 et 2014. On notera aussi l’étanchéité de la partie centrale refaite en 1996.
Changement du système de gestion dynamique à venir
Le système de gestion dynamique du trafic, mis en place en 2010, permet de réguler en temps réel la circulation. 29 caméras et 14 points de comptage permettent de suivre le pont et ses abords et de réaliser le basculement de la voie centrale plusieurs fois par jour.
Là aussi il faut renouveler le système en fin de vie et engager 8 millions pour améliorer la fluidité de la circulation avec une bascule plus rapide, promet le Département.
Les conditions climatiques sont aussi surveillées grâce à deux stations météo, avec une restriction d’accès et la fermeture de la voie centrale dès 80 km/h de vent, et une fermeture complète à partir de rafales de 120 km/h. La dernière fermeture, ce qui est assez rare, a eu lieu le 21 novembre 2024 pendant quelques heures.
Le pont de Saint-Nazaire en chiffres:
– longueur totale de 3 356 mètres.
– portée centrale de 404 mètres.
– deux viaducs en béton de 1 115 mètres au nord et 1 521 mètres au sud.
– ouvrage métallique de 720 mètres au centre (entre les extrémités des haubans)
– 72 haubans, soit 8 980 mètres, reliés à 2 pylônes culminant à 68 m au-dessus du tablier et 129,32 m au-dessus de l’eau.
– 54 piles (23 au nord, 31 au sud) ainsi que 2 culées aux extrémités.
– une chaussée de 12 mètres de large et 2 passages de 0,75 mètre.
– 88 000 m³ de béton.
– 17 000 tonnes d’acier.