Elles avaient combattu la réforme des retraites ensemble en 2023, mais depuis, les organisations syndicales ont repris leurs bonnes vieilles habitudes en appelant séparément leurs militants à l’occasion des traditionnels rassemblements du 1er mai.
D’un côté, près de 700 personnes ont répondu à l’appel de l’intersyndicale regroupant la CGT, FO, FSU et Solidaires, rejointes par des militants du PC, de Lutte Ouvrière, de Place Publique, d’Attac, de LFI et du NPA.
De l’autre, place du Commando, une centaine de militants et sympathisants de la CFDT avaient rendez-vous également à 10 h 30 ce samedi. Soit à peu près la même jauge que l’année dernière dans les deux cas.
« Alors que les guerres se propagent, les syndicats appellent partout sur la planète à manifester pour défendre la paix juste et durable », commence Sabine Bernard au nom de la CGT.
Faisant allusion à la guerre en Ukraine, la CGT demande « non pas un cessez-le-feu aux conditions des agresseurs, mais dans le respect du droit international ».
« Trump et ses alliés milliardaires mènent une guerre contre la démocratie, leur vision du pouvoir s’apparente de plus en plus aux pratiques de Poutine, d’Erdogan, d’Orban ou de Netanyahou. »
Pour la CGT, cette vision ferait fantasmer une partie de notre classe politique et les syndicats refusent l’instrumentalisation de la guerre pour relancer le capitalisme, refusant également la gouvernance par la peur.
Sophie Le Papillon de la FSU continue sur le sujet de l’enseignement : « L’école publique va mal. » Ah bon ? « Mais pas comme vous croyez, pas comme on nous le rabâche sans cesse dans les médias. »
« L’école va mal à cause du désengagement de l’État qui se décharge sur les collectivités locales. « Si l’école va mal, la société va mal. »
L’augmentation des discriminations et de la violence serait due, selon la FSU, au manque d’enseignement de l’égalité filles-garçons, au respect des autres. Les jeunes ne seraient ainsi pas plus violents qu’avant.
Les élèves accumulent le stress depuis le confinement imposé par le Covid au printemps 2020 et le manque de psychologues scolaires, avec un professionnel pour 1 500 élèves, se ressent sur leur santé mentale.
Les assistantes sociales ont déserté les lycées, laissant place, faute de moyens, à un numéro vert. Dans les collèges, les infirmières scolaires sont rattachées en plus de leur poste à plusieurs écoles.
Les assises sur la santé scolaire prévues le 14 mai prochain se feront en l’absence de l’enseignement agricole, non invité à y participer, indique la FSU, et les suppressions de postes sont à ce jour toujours maintenues.
Le syndicat dénonce le choix de la municipalité d’armer les policiers municipaux sans concertation du conseil municipal. Pour Sophie Le Papillon, la course à l‘armement n’apporte aucune solution. Elle souhaite plutôt de la prévention, du dialogue et de la confiance.
Le syndicat dénonce les coupes drastiques de financements de la part de la région dans la santé, la culture, le sport, les métiers du spectacle ainsi que les associations d’entraide aux personnes les plus fragiles : « Ce sont des attaques directes contre la jeunesse et les plus précaires. » « La précarité, c’est ça la vraie insécurité. »
La FSU accuse les politiques de cumuler les mandats sans aucun scrupule, et dans le même temps de stigmatiser les bénéficiaires du RSA, les accusant de profiter du système alors qu’ils ne perçoivent que 635 € par mois, et n’échappent pas à la pauvreté.
Enfin, Sophie Le Papillon évoque l’insécurité de l’emploi, les emplois précaires, indépendants, intérimaires, saisonniers et vacataires du service public ainsi que les difficultés d’accès au logement, à la santé, aux loisirs.
Le manque d’accès aux services publics et leur privatisation se feraient uniquement dans le but de faire des économies au profit des plus riches.
Le syndicat Solidaires met l’accent sur la pollution par la voix de Sophie Lesachey.
L’entreprise Yara est pointée du doigt par le syndicat Solidaires qui souligne que, malgré des amendes ridicules, elle continue d’envoyer dans la Loire des produits toxiques.
Un quart des émissions de nickel de la région est émis dans l’agglomération nazairienne ainsi qu’un sixième de l’arsenic, via la construction navale et l’aéronautique.
« La surmortalité principalement chez les hommes continue d’augmenter, et ce n’est pas seulement l’alcool ou le tabac qui en sont responsables, comme le suggèrent des élus. »
Le chrome 6, classé cancérigène et utilisé dans la peinture par Airbus ou dans la soudure aux Chantiers de l’Atlantique, ne serait pas innocent dans la situation dénoncée par le syndicat.
« Toutes ces entreprises ont besoin d’énergie au détriment des habitants. Ne croyons pas qu’une centrale nucléaire, une de plus le long de la Loire, et une centrale e-kérosène soient prévues pour notre consommation ! »
« Du tritium est retrouvé dans l’eau à Nantes et dans les sédiments de l’estuaire. « Ce sont des tonnes de poissons piégés chaque année et les deux tiers de l’énergie produite se perdent en chaleur dans l’eau et l’atmosphère ».
Pour Yann Le Fol de Force ouvrière, « les dépenses mondiales d’armement en 2024 ont atteint un niveau record de 2 700 milliards de dollars ».
« Elles ont forcément un impact sur les politiques budgétaires publiques. Chez nous, le gouvernement a annoncé, après les 32 milliards de coupes budgétaires sur le budget 2025, des baisses de dépenses notamment pour le service public, pour la recherche, l’enseignement supérieur et la culture ».
Le représentant de FO dénonce les 40 milliards d’économies annoncés pour 2026, dont 18 concernent la sécurité sociale. « Il faudrait des moyens supplémentaires pour la psychiatrie, pour la santé dans les écoles, collèges et lycées, mais le gouvernement fait l’inverse, tout ceci est ignoble ».
Après avoir souligné les menaces sur plus de 200 000 emplois dans les mois à venir et invité à de nouvelles actions le 13 mai pour la fonction publique, le 15 pour la santé et le social, le responsable syndical propose aux manifestants de se diriger vers le parc paysager où ils ont rendez-vous pour un pique-nique… sous le soleil !