2023 marque l’année des 50 ans de la Réserve de chasse et de faune sauvage (RCFS) du Massereau. Située en plein cœur de l’estuaire de la Loire, sur les communes de Frossay et du Pellerin, elle a été créée en 1973 sur une ancienne île de Loire, l’île du Massereau, et sur l’ancien bras du Migron, aujourd’hui en partie atterri.

Vol de Sarcelles d’hiver au-dessus du bras du Migron (gauche) et un mâle de Sarcelle d’hiver (Cochard ©)

En 2008, ce territoire préservé s’agrandit avec la création de la Réserve du Migron. Elle devient alors, Réserve du Massereau-Migron. Cette dernière a pour vocation d’assurer une certaine quiétude pour les oiseaux d’eau et pour bon nombre d’espèces animales car elle est interdite au public.

Pendant 49 ans, l’Office français de la biodiversité (OFB) aura été le gestionnaire. En 2022, l’OFB se désengage de la réserve du Massereau-Migron et le Département de Loire-Atlantique reprend en gestion 550 hectares, en propriété du Conservatoire du littoral. Établissement public de l’État, sa mission est d’acquérir des parcelles du littoral menacées par l’urbanisation ou dégradées pour en faire des sites restaurés, aménagés, accueillants, dans le respect des équilibres naturels.

Chloé Girardot-Moitié, vice-présidente du Département Ressources, milieux naturels, biodiversité et action foncière : « Grâce à ce partenariat entre le Département et le Conservatoire du littoral, ce sont désormais près de 4 500 hectares d’espaces naturels sensibles et écologiquement remarquables qui font l’objet d’une protection au titre de la biodiversité. L’estuaire de la Loire accueille de nombreux habitats qu’il faut préserver des impacts négatifs des activités humaines. C’est le sens de l’action que nous menons de manière partenariale sur la réserve du Masserau-Migron ».

Patrice Belz, Délégué de rivages Centre-Atlantique du Conservatoire du littoral :

« La gestion menée par le Département à l’échelle de ce grand site naturel est essentielle, et complémentaire de l’action foncière que le Conservatoire du littoral mène depuis plus de 20 ans dans l’estuaire. Elle associe au quotidien, et de façon très concrète, l’ensemble des collectivités et des usagers locaux, contribue à conforter les usages les plus vertueux (élevage extensif notamment), et s’inscrit en cohérence avec les projets portés par le territoire à différentes échelles. »


Une Réserve aux enjeux ornithologiques variés

La Réserve du Massereau-Migron est un site d’intérêt majeur pour l’avifaune hivernante, reproductrice ou migratrice. Ce territoire vit en fonction des saisons et c’est toute la richesse d’un site comme celui-ci qui est à préserver.

Les 4 saisons du Massereau

Entre octobre et mars, les canards de surface vont s’approprier les lieux. Parmi eux, la Sarcelle d’hiver, l’espèce phare, va en faire son quartier d’hivernage avec des effectifs qui varient entre 5 000 et 8 000 individus. La Réserve contribue largement au statut de l’estuaire de la Loire qui constitue le deuxième site d’hivernage au niveau national, après la Camargue, pour cette espèce.


En mars – avril, le printemps arrive !

C’est un chassé-croisé qui s’opère entre les oiseaux qui ont stationné l’hiver sur la Réserve et qui vont remonter vers les pays d’Europe du Nord et de l’Est, et ceux qui arrivent d’Afrique. De nombreuses espèces vont utiliser la Réserve en tant qu’halte migratoire prénuptiale : c’est le cas du Combattant varié, du Balbuzard pêcheur, de la Guifette moustac et du Traquet motteux, pour ne citer qu’eux. C’est également la période où d’autres espèces se manifestent par leurs chants, il s’agit des grenouilles vertes, des rainettes arboricoles, des pélodytes ponctués… Dans la saulaie le long de l’ancien bras de Loire, non loin de l’entrée de la réserve, se dresse la plus grande héronnière de l’estuaire de la Loire. Hérons cendrés, Grands cormorans, Aigrettes garzettes et Cigognes blanches vont former une grande colonie. Cela représente environ 150 nids pour l’ensemble des espèces.

Le Pélodyte ponctué est un petit crapaud qui se manifeste par un chant ressemblant au frottement de deux boules de pétanque (Cochard ©). À droite, la plus grande héronnière de l’estuaire de la Loire se situe sur la Réserve (Cochard ©)

Au petit matin, l’envol d’une Cigogne blanche (à gauche) et un Héron cendré s’ébrouant (Cochard ©)

Entre avril et juillet, c’est la saison des amours !

Les étangs chargés d’eau en hiver se transforment peu à peu des prairies humides, laissant la place aux oiseaux reproducteurs à l’instar de l’Échasse blanche, la Foulque macroule, le Vanneau huppé, l’Oie cendrée, la Bergeronnette printanière et le Canard colvert. Les roselières laissent échapper des chants particuliers souvent méconnus du grand public. Il s’agit de la Rousserolle effarvatte, de la Gorgebleue à miroir, de la Locustelle luscinioïde, de la Panure à moustache et bien d’autres. Dans les haies bocagères, le Rossignol philomèle, la Bouscarle de Cetti, la Fauvette à tête noire… se manifestent par leur chants caractéristiques. Dans les haies basses, la Pie-grièche écorcheur et le Tarier pâtre s’approprient les fourrés de pruneliers et les ronciers pour nicher. Dans les arbres têtards, la Rosalie des Alpes se manifeste ponctuellement et se laisse observer pour les plus chanceux qui la croiseront au détour d’une promenade. D’un bleu et noir magnifique, elle figure parmi les espèces d’insectes protégées au niveau national.


En haut à gauche, l’Échasse blanche se reproduit sur des zones d’eau peu profonde où elle confectionne son nid sur un tas de végétaux. La Gorgebleue à miroir (en haut à droite) va quant à elle nicher dans les roselières, tandis que le Tarier pâtre (en bas à gauche) va s’approprier les fourrés donnant sur des prairies. Aux beaux jours, la Rosalie des Alpes se laisse observer volontiers, encore faut-il tomber dessus (Cochard ©).

En somme, la Réserve du Massereau-Migron se définit par un cadre spatio-temporel où l’hétérogénéité des milieux et les saisons font de ce site un endroit à préserver tant les enjeux naturalistes y sont variés.

C’est la verticalité des strates végétales qui va constituer une mosaïque de milieux. Situés sur les axes migratoires des oiseaux au sein d’un complexe de zones humides de plus de 20 000 hectares au cœur du site Natura 2000 de l’estuaire de la Loire, la Réserve joue un rôle essentiel pour l’accueil des oiseaux migrateurs et reproducteurs.

D’un point de vue écologique, c’est une zone dite « tampon », cela signifie qu’elle réceptionne le surplus d’eau de la Loire. Située dans le lit majeur, les grandes marées hivernales y recouvrent les prairies, lui conférant un caractère naturel, soumis aux éléments naturels.


Lors des grandes marées hivernales, l’ancien bras du Migron reprend ses droits sur les prairies humides (Cochard ©).

Les suivis naturalistes

Suite au départ de l’OFB, le Département a signé une convention de gestion avec le Conservatoire du littoral, la Ligue de protection des oiseaux (LPO44) et l’Association pour la connaissance et la recherche ornithologique en Loire-Atlantique (ACROLA) afin de poursuivre les études et suivis de certaines espèces à l’instar de la Sarcelle d’hiver, de la Cigogne blanche et des passereaux paludicoles (oiseaux des roselières).

La LPO assure la tenue du camp de baguage lors de la migration des passereaux en août. Chaque année, ce sont environ 5 000 oiseaux capturés et relâchés avec une bague afin d’étudier les trajets migratoires. Toute une série de mesures biométriques sont prises afin d’améliorer les connaissances des espèces. Un suivi particulier est mené sur l’un des passereaux le plus menacé au monde : le Phragmite aquatique.

Le Conservateur de la Réserve assure la veille naturaliste et les suivis des oiseaux d’eau que ce soit en hivernage, en migration ou en reproduction. À titre d’exemple, un partenariat entre le Département, le SICGEBLN et  ’ACROLA permet de réaliser le suivi des limicoles nicheurs à l’échelle de l’estuaire de la Loire. En parallèle, un autre protocole, le suivi temporel des oiseaux communs par échantillonnage ponctuel simple (STOC- EPS) permet de suivre les tendances des oiseaux communs. Les données sont transmises au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) de Paris et leur analyse permet de mieux percevoir les tendances sur le territoire national.

Une gestion adaptée aux enjeux du site

En vue de préserver les milieux et en particulier les zones humides, le Département assure un curage du réseau hydraulique pour alimenter les étangs dans l’objectif d’assurer une certaine continuité écologique. Ces actions sont bénéfiques et permettent d’alimenter les roselières en eau, ainsi que les plans d’eau où hivernent les canards. L’activité agricole est également importante sur le site, le pâturage et la fauche font partie du modèle agricole sur le site. Sur les parcelles du Conservatoire du littoral, des conventions agricoles sont établies entre les exploitants, le Conservatoire et le Département. L’objectif est double, concilier la préservation de l’environnement et une activité économique sur le territoire.


Travaux de curage sur le réseau de douves de la Réserve (à gauche) et illustration d’une vache dans le marais. Ces deux types de gestion contribuent à la préservation des zones humides (Cochard ©).

L’accueil du public

La mise en valeur et la préservation du territoire passent également par la sensibilisation. Chaque année, une dizaine de visites guidées sont organisées et permettent à une centaine de personnes de découvrir les coulisses de la Réserve. Les collèges et les lycées des environs viennent également découvrir ce territoire proche de chez eux et, ainsi, peuvent prendre conscience des enjeux écologiques qui se trouvent à leur porte.

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