Cet arrêté en date du 28 mai 2025 précise les conditions d’exploitation à venir du site de stockage de l’entreprise d’engrais chimiques Yara, exploité jusqu’en mai 2004 par Hydro Agri France.
Le collectif de 17 associations et organisations a déposé un recours contre cet arrêté. Signé par 10 associations et deux personnes individuelles*.
Après une première manifestation devant la sous-préfecture de Saint-Nazaire le 14 octobre 2022, où étaient présents le sénateur Yannick Vaugrenard, le député Matthias Tavel, le maire de Saint-Nazaire David Samzun, celui de Trignac Claude Aufort ainsi que de nombreux autres élus des communes du secteur, d’autres actions ont suivi.
Un an plus tard, le 14 octobre 2023, un défilé dans les rues de la ville, toujours en présence d’élus, demande la mise aux normes et la fermeture administrative de Yara.
L’entreprise est pointée du doigt pour non-respect des règles en matière de sécurité et de rejets dans l’atmosphère et en Loire, malgré plusieurs mises en demeure de la part des services de l’État.
Enfin, le 2 novembre 2024, une autre action, toujours devant la sous-préfecture, est organisée pour réclamer plus de transparence de la part de Yara.
Des fuites régulières de produits dangereux ont eu lieu ces dernières années à plusieurs reprises, ainsi que des rejets en Loire de produits néfastes pour la faune et la flore et la santé humaine (azote et phosphore).
YARA produisait jusqu’en 2024 des engrais chimiques à base de nitrate d’ammonium. Un produit extrêmement explosif, responsable des catastrophes de Toulouse (usine AZF en 2001, 31 morts) ou plus récemment de Beyrouth en 2020 (218 morts).
L’usine située sur les bords de Loire peut stocker jusqu’à 112 000 tonnes d’engrais contenant du nitrate d’ammonium, soit près de 40 fois plus qu’à Beyrouth, dont on se souvient tous des images effrayantes de la catastrophe.
La production a cessé depuis mars 2024 et, en octobre dernier, 137 salariés ont été licenciés. Pour Marie-Aline Le Cler, « cet arrêté n’est pas adapté à la situation. Il a été signé sans l’étude de danger qui aurait dû être prête avant l’arrêté du préfet.
« Il y avait 240 scénarios de danger quand l’usine était en exploitation, aujourd’hui il en reste tout de même 14. Yara reste classée en seuil Seveso haut ».
Le collectif conteste aussi l’opacité de l’arrêté qui, à propos de la quantité d’engrais stockés, de leur localisation ou de leur composition, indique un laconique « voir annexe confidentielle », à laquelle il n’a pas eu accès.
L’arrêté autorise la réception d’engrais en vrac par bateau (sauf les ammonitrates 4702 II). Ils seront transportés par camions entre le quai et le site.
La réception d’engrais en big-bags est également autorisée tout comme leur expédition. En revanche Yara n’aura pas la possibilité de formuler ou mélanger des engrais.
Pour Michel Le Cler, le site est « hyperpollué, il faut limiter les impacts sur les eaux pluviales qui continuent à être polluées ».
« D’ailleurs Yara a écopé d’astreintes financières entre octobre 2024 et avril 2025 à ce sujet. »
Pour les deux responsables de l’AEDZRP (Association environnementale dongeoise des zones à risques et du PPRT), « on laisse faire en catimini, c’est pour cela que l’on a fait un recours ». « L’État suit le rythme imposé par Yara qui fixe ses conditions ».
Marion, la représentante des « Amis de la terre » suit les agissements de Yara de près. « Ils font du lobbying pour dire que leurs produits ne sont pas dangereux et inoffensifs, ce qui n’est pas le cas. »
« La transformation du site de production en site de stockage n’est pas anodine. Quels produits stockés ? Pour combien de temps ?
« Alors que 75 % des engrais sont importés, ce projet va à l’encontre des besoins de la France. Yara se porte très bien financièrement, nos vies avant leurs profits !».
Le représentant de la Ligue des droits de l’homme pointe aussi l’effet domino des risques sur les industries voisines en cas de problème.
Une commission de suivi de site (CSS), prévue en mai dernier, a été ajournée et reportée au 15 septembre prochain. Jean-Louis Ecuer de « Bure en Retz » soupire : « On a aucun espoir. On n’apprend rien dans les CSS. Certaines associations sont même interdites ».
Le collectif, qui espère une réponse, envisage un recours contentieux si le préfet ne leur donne pas satisfaction. Lucide, il sait qu’il y a peu de chances que le recours aboutisse.
Les 10 associations ayant déposé le recours sont: AEDZRP, Association des habitants du village de Gron, ATTAC, EELV les Écologistes, Les amis de la terre France, Ligue des droits de l’Homme, Natur-Action, Stop Bure collectif en Retz, Terre et Mer pour l’avenir du vivant, Vivre à Méan-Penhoët.