Depuis plus de 18 mois, l’ambiance est exécrable dans l’un des services de l’hôpital public de Saint-Nazaire. Harcèlement, sanctions non justifiées et dessins nazis plombent l’ambiance du service réanimation qui compte près de 110 personnes.

C’est la suspension d’un médecin du service qui met le feu aux poudres. Son comportement inapproprié (harcèlement moral) est signalé à la Direction par 6 internes le 11 avril 2024, qui au terme d’une enquête interne, révèle également des faits de harcèlement sexuel.
Un arrêté de sanction est pris à son encontre en avril 2025. Le médecin est exclu et ne peut plus travailler dans une structure publique… en revanche il peut toujours exercer dans le privé ce qui scandalise les représentants CGT du personnel hospitalier.
Une enquête administrative est alors diligentée dans l’ensemble du service, qui conduit à la mise sous tutelle de celui-ci et à la désignation d’un médecin chef venu de Nantes, avec de nombreuses réserves de la part du syndicat.
«Il y aura du sang et des larmes»
L’annonce de sanctions envers 3 agents paramédicaux avant même l’enquête au printemps 2024 est vécu par le personnel soignant comme une injustice.
Dès la fin de l’été, le syndicat est sollicité par un agent dans le cadre de l’enquête, celui-ci a été changé de service sans aucun préavis et sans aucune raison selon Bernard Sculo, délégué syndical CGT et infirmier.
«Deux jours plus tard, une infirmière puis une aide soignante nous ont sollicités. Les trois ont été retirés de leurs services» précise-t-il.
Un acte vécu par les intéressés comme une sanction alors que rien ne figure dans leurs dossiers administratifs.
«La direction nous dit qu’ils ont des faisceaux d’indices et des bruits de couloir.» Mais le syndicat a pu démontrer qu’il n’en est rien, que des dates fantaisistes ont été avancées pour incriminer les agents.
«Les trois agents ont été désignés coupables sans conseil de discipline, sans preuves » souligne Emilie Besnard, également déléguée CGT et aide-soignante.
«L’avocat (Me Erwan Le Moigne ndlr) n’a rien trouvé de concret dans ce dossier vide, des dizaines de témoignages officiels soutiennent les agents.»
Ambiance délétère au service réa
Le syndicat a aussi trouvé des affiches qui font froid dans le dos: un responsable de la «team sédation inhalée» (l’équipe chargée d’endormir les patients avant une opération) a affiché dans un couloir accessible aux professionnels mais pouvant être visible par les malades, une photo de lui, grimé en Hitler.
Pour Bernard Sculo on est dans «l’apologie de crime contre l’humanité et l’usage public d’un symbole nazi.»
Un autre médecin a apposé sur sa porte un autocollant «pro life» (anti IVG) avec un personnage armé. Ces faits datent d’octobre 2024 mais ont perduré plusieurs mois. Les deux médecins ont depuis été promus chefs adjoints.
Pour le syndicat, il y a une inégalité de traitement, «une présomption de culpabilité envers le personnel paramédical et une impunité envers les médecins» indique Cécile Dubé, «concernant les affichages le DRH a dit que c’était de la blague.»
Les paramédicaux prennent de plein fouet la mésentente entre les médecins
«La proposition d’audit externe portée par la CGT en janvier 2025 a été refusée par le Directeur de l’hôpital Monsieur Couvreur. Il a en revanche diligenté l’inspection du travail le 5 mars 2025.»
Un rapport en est sorti, qui pointe toutes les difficultés et souligne l’ambiance délétère au sein du service de réanimation qui compte notamment 46 infirmières et 33 aides-soignants outre les médecins et le personnel administratif.
Aujourd’hui la situation ne s’arrange pas, les 3 agents retirés de leurs services le soir même sont suivis psychologiquement et en arrêt maladie pour deux d’entre eux. Avec cette ambiance pesante, deux médecins réanimateurs ont quitté l’établissement.
«La direction est faible avec les forts et forte avec les faibles» s’indigne Bernard Sculo. Et la situation vécue en réa se retrouverait également dans d’autres services de l’hôpital.
«Le médecin on n’en parle plus, on a détourné l’attention. Si le Directeur était au courant c’est grave, s’il ne l’était pas, c’est grave aussi» termine le représentant du syndicat.