Le rendez-vous était fixé symboliquement au «dragon» sur l’esplanade Nelson Mandela, un lieu emblématique, prisé des enfants, avant de déambuler jusqu’à la place du Commando. Une marche à l’initiative du «Collectif Enfantiste» créé en 2022, qui donnait rendez-vous dans plus de 40 villes à travers le pays ce samedi 15 novembre 2025.

Un mouvement citoyen, non politisé, créé par Claire Bourdille, qui lutte contre toutes les formes de violences faites aux enfants et aux adolescents pour qui «protéger les enfants, c’est protéger l’humanité».

A Saint-Nazaire, malgré la pluie, une cinquantaine de personnes, parents et enfants sont venues soutenir ce premier rendez-vous de l’antenne locale du collectif dans la ville.

«Chaque jour en France, des enfants sont méprisés ou maltraités, alors qu’aucun d’eux ne devrait vivre dans la peur.» En France, un enfant meurt tous les 5 jours sous les coups de ses parents.

«Agressés, violés, exploités, mutilés, tués. La société détourne le regard et l’Etat choisit de ne pas les protéger» indique Caroline, responsable nazairienne du mouvement.

Les scandales se multiplient au fil des ans, comme l’affaire Le Scouarnec, condamné à 20 ans de réclusion pour viols et agressions sexuelles sur 299 victimes ou Bétharram, qui a révélé récemment des faits d’abus sexuels et de châtiments corporels sur les élèves mineurs d’un pensionnat des Pyrénées-Atlantiques.

Le procès de Châteauroux dont l’appel a lieu le 20 novembre prochain, a lui aussi mis en lumière la maltraitance d’une soixantaine d’enfants placés par l’ASE (aide sociale à l’enfance) dans des familles accusées de violences.

«Ce ne sont pas des faits isolés, ils révèlent une organisation sociale qui sacrifie les enfants, détruit leurs vies et protège les agresseurs.»

Le collectif pointe du doigt les infanticides, les incestes mais aussi la pédocriminalité, l’exploitation sexuelle, les thérapies de conversion, la maltraitance, les mariages forcés ou la violence éducative.

Les violences intra-familiales et institutionnelles sont aussi dans le collimateur du collectif.

«Les formes de violences sont innombrables en France et dans le monde.» Une oppression qui porte un nom, «l’adultisme», un système qui place l’adulte au dessus des enfants et des adolescents.

«Ce système nie leurs droits, leurs besoins, et leurs voix et produit des violations extrêmes de leurs droits fondamentaux, jusqu’à nier leur existence même» précise Caroline.

Que ce soit à la maison, à l’école, à l’hôpital ou dans le sport, mais également dans les loisirs, sur internet ou dans les foyers sociaux, les lieux de culte, aucun lieu n’est sûr.

Le collectif pointe du doigt les maltraitantes dans les pouponnières de l’aide sociale à l’enfance, les couvre-feux imposés aux mineurs par certaines collectivités «comme si la jeunesse était un danger».

«Des enfants meurent malgré les signalements, ils sont de plus en plus nombreux à vivre dans la précarité ou à la rue.»

Le sujet de l’exploitation sexuelle dans des réseaux de prostitution de mineurs placés en foyer est aussi mis en avant, tout comme les espaces «no kids» qui fleurissent un peu partout dans les restaurants, hôtels ou lieux de loisirs.

«Une jeune personne est violée ou agressée toutes les 3 minutes, pourtant seules 3% des plaintes aboutissent à une condamnation et à peine 1% dans le cas d’incestes.» Un autre chiffre inquiétant: 81% des violences sexuelles débutent avant 18 ans.

Cette impunité condamne les victimes à une souffrance à perpétuité selon le collectif, pour qui les agresseurs «resteraient libres de recommencer».

«Les enfants et ados en situation de handicap, placés, racisés, LGBTQIA+, trans, intersexe, mineurs isolés, sont en première ligne» indique Caroline.

«Plus vulnérables, ils sont davantage violentés, discriminés, et invisibilisés par les institutions et par la société.»

Dans le monde, des enfants meurent chaque jour sous les armes des adultes. Le collectif souhaite une France qui écoute et considère sa jeunesse, et mette en œuvre de véritables politiques publiques pour l’enfance.

«Ce collectif a été créé pour faire porter la voix des enfants, de façon vraiment large, que ce soit les violences sexuelles, physiques, psychologiques, ou au sein des institutions.»

Créé sur Paris en 2022, le collectif se déploie un peu partout en France et jusqu’en Belgique avec une antenne ouverte à Bruxelles cette année.

«J’ai rejoint le collectif pour qu’une antenne soit créée à Saint-Nazaire» indique Caroline.

«Il y a une antenne sur Nantes et on trouvait dommage, avec des collègues qui travaillent comme moi dans une structure de soutien à la parentalité, qu’il n’y ait pas une telle mobilisation à St-Nazaire.»

«La CIIVISE est présente (commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants NDLR) et le Collectif Enfantiste la soutient aussi mais de façon plus large sur toutes les violences que peuvent subir les ados et les enfants.»

«L’objectif c’est d’être ensemble et que toutes les personnes interpellées par la cause nous rejoignent.»

www.collectifenfantiste.fr

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