C’est lors de la présentation du projet « Destination Gavy » au printemps 2023 que les associations de protection de la nature et de l’environnement, Natur-Action en tête, ont eu un choc, en découvrant notamment une tour de 14 étages en aplomb du bois de Porcé.
Il n’en fallait pas plus pour que l’association mobilise d’autres forces, à commencer par « Les vigies de Gavy ». Ces deux entités ont ensuite été rejointes par d’autres associations, collectifs et partis politiques pour former le « collectif Gavy-Porcé ».
Après plusieurs actions mobilisatrices (jusqu’à 600 personnes en juin 2024), une nouvelle journée festive de soutien est prévue ce dimanche 1ᵉʳ juin sur le site de l’université entre 10 h 30 et 17 h. Au programme : des animations, la découverte des lieux et de la nature du site pour mieux comprendre le projet et son opposition, une plantation symbolique, et la possibilité de venir pique-niquer sur place.
Les associations du collectif tiendront également divers stands pour présenter leur point de vue face au projet porté, à la demande de la ville, par les groupes Icade Promotion et Duval Développement.
« Ça va être un échange avec les gens » souligne Joël Bourlès de la LPO. « Ils pourront dire ce qu’ils souhaiteraient voir sur ce lieu à la place du projet immobilier ». « On répondra aux questions sur les impacts avec la faune et la flore, mais aussi sur l’aspect habitat et l’aspect financier ».
Recours devant le tribunal administratif
Le collectif vient de déposer un recours devant le tribunal administratif de Nantes par l’intermédiaire de Me Thomas Dubreuil, avocat à Vannes. Celui-ci a été déposé le 25 avril dernier au nom de Bretagne vivante, la LPO, Natur-Action, les amis de Porcé ainsi que 4 particuliers représentants d’associations et collectifs d’habitants.
L’avocat attaque notamment sur l’insuffisance de l’étude faune-flore, réalisée sur un périmètre trop restreint en ne distinguant pas l’impact sur les oiseaux et chiroptères (chauves-souris) lors des travaux et lors de l’exploitation future du site.
Inventaires insuffisants et absence d’étude d’impact
L’étude faune-flore mentionne que le complexe hôtelier « pourrait augmenter la fréquentation du boisement sud et des lisières multistrates, ce qui induirait un dérangement des oiseaux, notamment lors de la reproduction », ainsi que les risques de perturbation sur les chiroptères par les éclairages artificiels.
L’avocat précise qu’il apparait bien que le projet génère « un risque caractérisé de perturbation ». de l’avifaune et des chiroptères protégés présents au sein et à proximité directe de la zone de projet en phase d’exploitation ».
Pour le représentant de la LPO, « il reste environ 35 espèces d’oiseaux ici, déjà moins que sur le secteur des Rochelles construit il y a une vingtaine d’années. Après les constructions, il en resterait moins d’une vingtaine ». « Ce n’est pas en créant de nouveaux espaces boisés comme les deux hectares sur le site de l’ancien hôpital, que l’on récupère des espèces d’oiseaux ». « Celles qui seront perdues ici, ne reviendront pas là-bas. »
Concernant l’absence d’étude d’impact, Me Dubreuil considère que le préfet a commis une erreur de droit en « évacuant les questions paysagères, littorales et hydrauliques (…) au titre du cas par cas, alors qu’elles doivent pleinement être prises en compte dans le cadre de l’approche globale du projet ».
Projet surdimensionné
Les bâtiments de l’université, de faible hauteur, s’intègrent aux boisements présents qui les dépassent et les dissimulent en grande partie. Le projet semble pour sa part surdimensionné eu égard à l’urbanisation existante et à la configuration des lieux.
« La quantité de gens et de voitures du projet, en bord de côte, ce n’est pas du tout dans la philosophie de la loi littoral » indique Xavier Clément des Amis de Porcé, « encore moins dans la loi zéro artificialisation nette ».
Rappelons que le projet porte sur 29 000 m² et prévoit notamment 336 logements et un hôtel sur un site de 8 hectares, à la fois sur d’anciens parkings, mais surtout en lisière du vallon de Trébézy et du bois de Porcé avec une tour de 14 étages et des immeubles de 5 à 7 étages.
Il y a énormément de logements vacants à rénover.
Xavier Clément souligne qu’il est important de profiter de la journée d’action pour « alerter les nazairiens qui aiment beaucoup leur côte, et les nouveaux arrivants, qu’il va y avoir une construction pharaonique sur ce site ». « La situation est vraiment préoccupante en matière de surproduction de logements neufs, et de spéculation immobilière ».
« Un rapport de la cour régionale des comptes, de février 2025, indique clairement qu’il y a une surconsommation du foncier, et que le nombre de logements produits ne correspond pas du tout au nombre de nouveaux habitants et de nouveaux emplois »
« Le problème, c’est aussi qu’il n’y a plus de places chez les kinés, les médecins, il n’y a plus de places dans les Ehpad, dans les unités de soins de réadaptation. »
Pour Jocelyne Couprie des Soulèvements de la Terre, « ce n’est pas ce type de logement qui intéresse les habitants. Le prix au m² n’est pas abordable pour ceux qui cherchent actuellement. Ça va intéresser les gens plutôt fortunés. »
« Le rapport de la cour des comptes indique qu’il y a 5 100 logements vacants dans le secteur », renchérit Joël Bourlès.
Les festivités du 1er juin seront aussi l’occasion de récolter le soutien des visiteurs, que ce soit à travers une pétition lancée il y a plus d’un an déjà (plus de 3 000 signataires), ou en soutenant la lutte, via une cagnotte en ligne et sur place.
* les 14 associations du collectif gavy-porcé : ATTAC ● BRETAGNE VIVANTE ● EELV / LES ECOLOGISTES ● EXTINCTION REBELLION ● FEDERATION PRESQU’ILE ENVIRONNEMENT ● FRANCE NATURE ENVIRONNEMENT ● LES AMIS DE PORCE ● LES SOULEVEMENTS DE LATERRE ● LES VIGIES DE GAVY ● LE VIEUX SAINT-NAZAIRE ● LPO 44 ● NATUR-ACTION ● NPA ● SOLIDAIRES.