Pour répondre à cette question, la rédaction de SaintNazaire-infos a enquêté à travers le centre-ville, interrogeant commerçants et badauds, et répertoriant les boutiques fermées… ou en activité.

En toute objectivité avec les bons et les mauvais aspects de la situation qui conduit à une impression, ou une réalité, de nombreuses cellules vides.

La municipalité vient d’annoncer la mise en place d’actions pour redynamiser le centre-ville.  Notamment par la création de l’OCA, « Office du Commerce et de l’Artisanat », qui regroupe pour le moment 24 commerçants, la CCI, et qui dispose d’un budget de 100 000 € pour 2025 et de l’aide de deux salariés de la ville.

L’office vient de créer une marque « St-Nazaire le centre » pour promouvoir le commerce en ville.

Récemment, Jean-Luc Séchet, adjoint au maire en charge du commerce, annonçait une vacance de 11 % pour un total de 250 cellules dans l’hypercentre de Saint-Nazaire. Ce qui, selon ce calcul, donnerait 27 à 28 commerces fermés.

Un chiffre bien en deçà de la réalité. Nous avons parcouru l’avenue de la République, la rue Albert De Mun, la rue de la Paix, la rue des Halles, la rue Jean Jaurès, les abords du marché et le « ruban bleu ». Force est de constater que le chiffre réel des cellules vacantes est très largement supérieur.

À moins de ne plus considérer la partie nord de l’avenue de la République (de la gare à la rue Jean-Jaurès) comme étant une rue commerçante. Ceux qui s’y trouvent apprécieront cet abandon officiel.

C’est ainsi que l’on dénombre pas moins de 27 cellules commerciales non exploitées sur la partie nord de l’avenue de la République, 8 dans le « Centre République », 10 dans les immeubles le bordant, 4 sur l’esplanade Nelson Mandela, 7 sur la partie sud de l’avenue de la République (entre rue de la Paix et De Gaulle), ainsi que 4 rue de la Paix (partie piétonne).

À cela s’ajoutent 17 commerces fermés dans le « ruban bleu » et 12 avenue Albert de Mun. 

105 commerces vides en centre-ville.

Au total, sur 574 commerces répertoriés, nous avons totalisé 105 cellules vides, soit 18,3 %. Sachant que dans les commerces en activité il faut inclure les banques, les agences immobilières, les services à la personne comme la couture, la garde d’enfants, les infirmiers, kinés, avocats, les diagnostics immobiliers… beaucoup d’activités qui ne font pas rêver le chaland !

Si l’on s’en tient à l’ultracentre, retenu par la municipalité dans ses calculs, à savoir la rue de la Paix, le ruban bleu, le centre République et la partie sud de l’avenue de la République, on tombe à 55 commerces fermés sur un total de 279, soit un pourcentage de cellules vides qui monte à 19,7 %.

Le « Ruban bleu », reste le secteur le plus en souffrance avec 37 % de fermetures, loin devant le « centre République » et ses abords avec 22,5 %. La rue de la Paix fait figure d’exception avec 8,7 % de vacances.

Plusieurs explications à ce chiffre élevé : d’une part la conjoncture économique avec de nombreuses liquidations post-covid, pour des commerces maintenus en vie par les aides qu’il a bien fallu rembourser depuis.

La situation est malheureusement la même dans la plupart des villes moyennes, et commence même à toucher certaines grandes villes jusqu’alors épargnées.

La concurrence des centres commerciaux, notamment la zone Auchan à Trignac, et surtout le commerce en ligne qui fait des ravages, particulièrement dans le textile avec la fermeture de chaînes au niveau national, donc aussi à Saint-Nazaire. 

Le commerce des années 80 à 2000 était censé attirer une zone de chalandise de plus de 250 000 habitants. Aujourd’hui, il faut se contenter des 130 000 habitants de La Carène. 

Savenay, Guérande, Saint-Brévin, Pornic, Pont-Château aspirent une grosse partie de cette clientèle d’autrefois, avec la présence de la quasi-totalité des commerces, de piscines, de cinémas, de restaurants… 

Toutes ces villes moyennes ont développé leur zone commerciale ces 20 dernières années autour d’un gros hypermarché.

Pour Patricia, qui tient une boutique de prêt-à-porter dans le centre-ville depuis les années 90, « l’arrivée du Paquebot, a été un vrai souffle, pendant des années on sentait revivre le commerce dans le centre-ville. » 

« Il fallait voir la foule le samedi dans les années 90, avec Monoprix qui était encore attractif.  Il y avait les cinémas qui amenaient des clients après les séances en journée. »

Pour elle c’est surtout « internet qui nous tue à petit feu. Il n’y a qu’à voir toutes les enseignes comme Jennyfer, Oxbow, Naf-Naf, Celio, Camaïeu, Pimkie, à proximité, qui ont toutes fermé les unes après les autres. »

Dans la rue, les clients, car il y en a tout de même lorsque l’on passe la porte des boutiques, constatent eux aussi la fermeture d’enseignes où ils avaient leurs habitudes. 

Louna cherche des chaussures, « Il n’y a pas de magasins pour les jeunes, hormis des baskets au ruban bleu. » 

Mélanie, sa mère renchérit : « À mon époque, il y avait Eram, Bata, André, Méphisto, San Marina, aujourd’hui même pour une adulte comme moi, hormis 2 ou 3 vendeurs de chaussures, c’est difficile de trouver ce que l’on cherche. »

Les commerces de la reconstruction, composés de cellules de format quasi identique, trop petites, ne sont plus adaptés aux exigences actuelles, notamment des franchises qui souhaitent de grandes boutiques.

Les propriétaires privés sont aussi en partie coupables, par l’exigence de loyers déconnectés de la réalité économique du commerce aujourd’hui, ou pire, en préférant laisser leurs commerces à l’abandon plutôt que de baisser leurs tarifs.

Les travaux repousseraient, en partie, la volonté de se rendre en ville. 

Le stationnement payant est également perçu comme un frein, toutefois, il est facile de stationner sur des secteurs non réglementés, moyennant quelques minutes de marche, ou d’utiliser les parkings offrant une heure de gratuité. 

Il est aussi possible de se rendre en ville par les transports en commun, la marche à pied ou le vélo. En fait c’est surtout l’absence d’offre dans certains domaines qui bloque les éventuels acheteurs à venir en centre-ville.

Il n’y a par exemple plus de cinéma, plus de primeur, de boucher, de poissonnier, tous ces commerces de proximité qui font aujourd’hui défaut.

Les grosses enseignes, dites « locomotives » comme Inter-Sport, Joué Club, La Grande Récré notamment, ne sont plus là. Sans oublier les « grands magasins » qui font défaut, hormis le retour de Monoprix il y a deux ans.

Enfin la dématérialisation numérique n’incite plus à se rendre en ville: La Poste, le centre des impôts, la mairie… tous ces services publics sont désertés au profit d’internet.

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