Entre autres questions stimulantes de nouvelle année, il y a celle-ci : comment parvient-on à devenir quelqu’un d’autre ? Par quels affres, par quelles chutes de tension, par quel voyage faut-il en passer ? Au bord de quel précipice se tient-on pour goûter ce vertige ?
Transposée au cinéma, et en particulier au thriller qui en est le genre de prédilection, cette question de l’identité intéresse le rapport du spectateur à ce qu’on lui montre : un puzzle énigmatique, un récit en forme de devinettes enchevêtrées, un personnage duplice qui va de la sorte, d’indices en indices, à la découverte de ce qui fonde son étrangeté. Madeleine Collins est de ces rares films – brillants, et hitchcockiens en diable – qui tournoient autour de leur énigme. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas rencontré, dans le cinéma d’auteur français, un tel appétit de fiction, une telle envie d’en découdre avec sa mécanique obscure et ses cheminements en chausse-trappes. Son réalisateur, Antoine Barraud, y invente un personnage et cherche à résoudre des questions de cinéma, qui ont trait à l’éternel mystère de la personnalité humaine, cet abîme dont l’image seule peut proposer une spéléologie particulière.
" Nous aurons le grand plaisir d’accueillir Antoine Barraud ce jeudi 6 janvier à 20h30 pour une projection exceptionnelle de Madeleine Collins. Avec lui nous discuterons de tout cela : des vertiges de l’identité, de l’art des faux-semblants, des délices de la fiction. Et bien sûr, presque avant tout, de Virginie Efira, dans ce qui est à ce jour peut-être son plus beau rôle. Nous l’avions laissée en septembre en nonne hérétique et jouisseuse dans le Benedetta de Paul Verhoeven, nous la retrouvons en interprète étrange dans ce formidable film qu’est Madeleine Collins, égarée entre deux pays, deux boulots, trois enfants et deux hommes. Prise dans une escalade vertigineuse, et décrivant son métier d’actrice comme un grand art de l’ambiguïté."
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